L’HISTOIRE
Au début des années 50, le tout jeune Sammy Fabelman (Mateo Zoryon Francis-DeFord) découvre son 1er film au cinéma avec ses parents Mitzi et Burt (Michelle Williams et Paul Dano). Ébloui par la puissance des images, il va développer une véritable passion pour le 7ème art. Une dizaine d’années plus tard, par le biais de ses films amateurs et alors qu’il est adolescent, Sammy (Gabriel LaBelle) met à jour une situation dramatique touchant directement sa famille…
Toute ressemblance…
THE FABELMANS m’a réconcilié avec le cinéma de Steven Spielberg. Sans vous faire l’étalage de mon enfance et de mon parcours, ses films m’ont aidé à avancer dans la vie. À trouver du réconfort ou des réponses à mes questions lorsque j’en avais besoin. Et mes premiers films de jeune cinéphile – les films d’animation mis-à-part – étaient des œuvres de Spielberg.
Or ces dernières années, ses réalisations m’avaient laissé de marbre malgré leurs qualités. Des aspects trop « didactique » (LE PONT DES ESPIONS, LINCOLN, PENTAGON PAPERS…) ou des retours manqués au pur divertissement (READY PLAYER ONE) me faisaient regretter l’émerveillement ressenti avec les premiers films. Tonton Steven était devenu le professeur Spielberg, celui qui va vous enseigner les grands faits historiques. Je mets volontairement de côté le remake de WEST SIDE STORY, ne l’ayant pas vu malgré l’engouement de la critique en général…
Tout en acceptant son besoin de transmettre à un peuple américain peu conscient du monde qui l’entoure, des films comme LES DENTS DE LA MER, RENCONTRES DU 3ème TYPE ou LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE me manquaient.
Avec THE FABELMANS, Steven Spielberg m’a touché en plein cœur. Sans esbroufe ni étalage de sa virtuosité mais avec une (apparente) simplicité, il nous parle des siens. De cette famille comme tant d’autres, de ses joies simples et de ses drames intérieurs déchirants.
Dans le passé, à travers des œuvres comme E.T. ou ARRÊTE-MOI SI TU PEUX, le réalisateur nous avait transmis quelques « informations » personnelles sur son propre parcours et ses blessures d’enfance. La séparation de ses parents les avaient déchiré, lui et ses sœurs. Et il en voulut à son père qu’il crut longtemps responsable de cette déchirure au sein d’une famille unie*.
Avec THE FABELMANS, même si « les noms ont été changé », il s’agit bien d’une évocation de ses jeunes années à laquelle nous convie le cinéaste. Et avec une touchante sincérité, il nous ramène à nos propres bonheurs et tristesses de l’enfance.
Soutenu par la superbe photographie de son chef opérateur attitré Janusz Kamiński et son casting irréprochable, Spielberg nous invite à une magnifique réunion de famille, à l’image de ces films Super 8 que l’on se repassait dans le salon.
Paul Dano est un papa bouleversant, ingénieur quelque peu rigide mais si amoureux de sa femme. Michelle Williams incarne une maman fantasque et artiste, déchirée entre l’amour qu’elle porte à sa famille, cherchant la fantaisie et l’imaginaire qu’elle ne trouve plus dans sa vie de couple. Seth Rogen réussit à nous surprendre dans un rôle plus complexe et dramatique qu’à l’accoutumée. Sans oublier David Lynch qui, en fin de film, fait une surprenante (et épatante) « guest star » !
Quant à Gabriel LaBelle, il est un double impressionnant du jeune Steven Spielberg, évoquant la trouble similarité qui existait entre Jean-Pierre Léaud et François Truffaut.
À bientôt 76 ans, Steven Spielberg nous montre une fois encore son amour pour le cinéma, pour ces histoires de gens simples plongés dans l’incroyable. Point de rencontres extra-terrestres ou de course au Graal dans THE FABELMANS. Mais des gens comme vous et moi, confrontés aux tourments de la vie.
Des spectateurs, des fans du cinéaste avec qui Spielberg joue à l’aide de multiples et savoureux clins d’œil. Un hommage sincère à son passé, à ses proches et au cinéma.
BANDE-ANNONCE
THE FABELMANS (2022) de Steven Spielberg
Avec Paul Dano, Michelle Williams, Gabriel LaBelle, Seth Rogen, David Lynch…
Scénario : Tony Kushner et Steven Spielberg. Musique : John Williams.
Photos : © Amblin Entertainmant / Universal Pictures
* Une recommandation avec l’excellent documentaire SPIELBERG de HBO et disponible en replay sur les chaînes OCS.