Pour une poignée de films… #55

Chroniques en mode expresso n°55 avec au menu : un documentaire sur une époque incontournable de la télévision britannique des 60’s, une belle comédie douce-amère et la dernière version d’un classique de la littérature . On y croit, on y va !

FILMED IN SUPERMARIONATION de Stephen La Rivière (2014)

FILMED IN SUPERMARIONATION est un documentaire réalisé il y a quelques années, revenant sur les productions télévisées britanniques de Sylvia et Gerry Anderson. Des séries d’aventures s’adressant aux petits et aux grands enfants, avec des marionnettes de plus en plus perfectionnées et un sytème révolutionnaire créé pour l’occasion : la « Supermarionation »…

Les « plus grands » d’entre vous se souviennent probablement de la série LES SENTINELLES DE L’AIR – ou THUNDERBIRDS en VO – proposée à la télévision française dans les années 60 et 70, de son équipe de sauveteurs intrépides, de leur base abritant d’incroyables vaisseaux équipés pour toutes les péripéties et de Lady Penelope dans sa Rolls Royce rose futuriste. Véhicule pop que les plus chanceux et chanceuses d’entre vous ont peut-être possédé sous sa forme dérivée, estampillée Dinky Toys.

Ce qui fascinait alors les enfants que nous étions, et que nous sommes sans doute restés, c’était la mise-en-scène incroyable de ces aventures avec des marionnettes, de fabuleux décors à « échelle réduite » et de l’animation révolutionnaire pour l’époque, à l’aide de fils invisibles (ou si peu) et d’électronique.

Au delà des histoires prenantes, je pense que cette impression de voir des « jouets » prendre vie, bien avant TOY STORY, fascinaient  les spectateurs, petits et grands.

Mais les Anderson ont produit beaucoup d’autres séries en Supermarionation : JOE 90, SUPERCAR, FIREBALL XL5… Elles sont peu ou pas connues chez nous – elles n’ont, je crois, pas été diffusé ou alors plus récemment sur le câble – mais ont connu un grand succès outre Manche.

Plus tard, dans les années 70, Gerry et Sylvia Anderson sont à l’origine de plusieurs séries avec de vrais acteurs comme UFO, POIGNE DE FER ET SÉDUCTION et la cultissime COSMOS : 1999. Ce documentaire leur rend hommage bien sûr. Mais il met aussi en lumière ceux et celles – décorateurs, comédiens de doublage, assistants… – qui ont directement ou indirectement participé au succès de ces prodigieuse séries.

On sait aujourd’hui que de grands artisans comme Derek Meddings ou Brian Johnson se sont fait connaître chez les Anderson avant de contribuer à la réussite de films comme ALIEN, SUPERMAN (celui de 1978) ou la série des James Bond. Le fait que les Britanniques sont encore reconnus comme des experts en matière d’effets spéciaux et de miniatures vient en partie de cette époque.

Excellent et passionnant documentaire, FILMED IN SUPERMARIONATION est à voir sur Netflix.


#JESUISLÀ de Éric Lartigau (2019)

De nos jours dans le Pays Basque, Stéphane (Alain Chabat), un restaurateur divorcé et père de 2 grands garçons, correspond avec Soo (Bae Doo-na), une sud-coréenne, via Instagram. Un peu perdu dans cette existence tranquille mais sans surprises, il s’attache à la jeune femme et part la rencontrer à Séoul, sur un coup de tête…

Comme tant d’autres, j’adore Alain Chabat. Depuis l’époque des Nuls jusqu’au Burger Quizz et ses récents « late shows », j’aime l’homme, son humour, sa nonchalance et sa sincérité dans ce qu’il fait. Déjà avec Éric Lartigau à la réalisation et aux côtés de Charlotte Gainsbourg, il était épatant dans PRÊTE-MOI TA MAIN, ce qui s’est probablement fait de mieux en matière de comédie romantique en France depuis des années.

Sorti au début de l’année 2020, en pleine pandémie de Covid 19, #JESUISLÀ n’attire pas le public malgré son acteur principal et un beau sujet sur la solitude moderne. Sans être une énième critique virulente des réseaux sociaux, le film d’Éric Lartigau pose un regard lucide sur ces moyens de communication, formidables outils pour s’évader à l’autre bout du monde en quelques secondes mais qui ne résolvent en aucun cas l’ultra moderne solitude de notre « monde dématérialisé ».

Sans porter de jugement, #JESUISLÀ – titre simple et efficace, résumant d’une certaine façon la place des individus dans notre société moderne, en mode « hashtag » – nous offre le miroir amusé, tendre mais objectif de nos existences en 2023. Stéphane, le personnage principal, n’est ni malheureux ni à plaindre (en apparence). Il vit entouré des siens, dans un cadre magnifique et plutôt serein.

Mais c’est aussi un homme un peu perdu, en quête d’ailleurs et d’évasion. S’attachant à une jeune femme qu’il ne connaît qu’à travers quelques mots et photos, il se persuade que le sens de la vie est ailleurs. Et il s’accroche à une illusion.

Porté avec justesse et douceur par Alain Chabat, #JESUISLÀ évoque par moment le LOST IN TRANSLATION de Sofia Coppola (probablement le meilleur film de la cinéaste) ainsi que LE TERMINAL de Spielberg. Sans verser dans le drame tout en étant bien plus grave et profond qu’il n’y parait, #JESUISLÀ est une belle comédie sentimentale, attachante et sincère.


LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN de Martin Bourboulon (2023)

Vers les années 1620, D’artagnan (François Civil), un jeune Gascon, souhaite intégrer les Mousquetaires du roi Louis XIII. Sur la route, il affronte plusieurs hommes qui tentaient d’enlever une jeune femme et le laissent pour mort. Miraculeusement rescapé, le jeune fougueux arrive bientôt à Paris puis fait la rencontre d’Athos, Portos et Aramis (Vincent Cassel, Pio Marmaï et Romain Duris)…

En 2023, à l’époque des films Marvel et des robinets déverseurs que sont les plateformes comme Netflix, est-il pertinent de proposer une nouvelle adaptation des TROIS MOUSQUETAIRES, le célèbre roman d’Alexandre Dumas ? Oui, justement.

Parce que cette histoire réunit tous les ingrédients d’un bon film dépaysant, mêlant aventures, romance, humour et rebondissements. Parce que le récit de Dumas, connu de tous ou presque, traverse le temps et reste prenant.

Depuis les origines du cinéma et de la télévision, les adaptations se sont succédées, en France comme partout dans le monde. La version réalisée en 1948 demeure la plus flamboyante. Et celle tournée en 1973 par Richard Lester (en 2 parties comme celle de Martin Bourboulon) était composée d’un hallucinant casting…

Les américains, les anglais ou les japonais (en version animée) ont proposé depuis des années leurs propres visions des TROIS MOUSQUETAIRES. Pourquoi pas un nouveau diptyque bien de chez nous, après tout ?

Dans cette première partie – la suite sortira à la fin de l’année – on assiste à la classique présentation des personnages. Soit, des mousquetaires bien craspecs, soucis de « réalisme » oblige, aux fausses allures de cow-boys rebelles et sales dignes d’un western spaghettis ! Avec cette touche wokiste et agaçante, consistant à « moderniser » le concept, histoire de satisfaire toutes les communautés actuelles et d’éviter trop de commentaires haineux sur les réseaux. Mais bon, il y aura toujours des commentaires haineux sur les réseaux sociaux…

La photo est belle, la reconstitution d’époque a du panache et le casting est un sans-faute (mention pour Vincent Cassel qui parvient à rendre crédible son Athos mélancolique) même si Eva Green rejoue pour la 1001ème fois son rôle de la troublante perverse. Le film ne se contente pas d’aligner les combats à l’épée, ce qui pourra en chagriner certains, et offre un très agréable divertissement dont on attend la suite et fin, même si l’on connaît déjà l’histoire.


 

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. princecranoir dit :

    Bien belle sélection de laquelle je retiens le titre de Lartigau (avec l’excellente Bae Doo-na, sans doute l’actrice coréenne la plus éclectique) et ce documentaire qui me rappelle de vieux souvenirs. Quant aux mousquetaires, je rejoins pleinement votre avis, n’ayant nullement boudé mon plaisir à retrouver capes, épées et ce félon de Cardinal.

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