Séance de rattrapage: ALBATOR, CORSAIRE DE L’ESPACE

Dans le cadre du Ciné-Club de Potzina du mois de mars, avec pour thème LE CINÉMA JAPONAIS D’ANIMATION proposé par Marie et son blog Bangarang Daily, je me suis plongé dans une séance de rattrapage qui me tenait à cœur, tout en me posant un dilemne: ALBATOR, CORSAIRE DE L’ESPACE, réinterprétation récente d’un classique des années 70/80, et faisant partie des madeleines proustiennes de mon enfance, allait-elle me satisfaire ou me décevoir ?


L’histoire

Dans un futur lointain, la Terre est devenue un sanctuaire, jalousement préservé par la Coalition Gaia qui refuse son accès aux colons humains cherchant à retourner y vivre. Un mystérieux corsaire de l’espace du nom d’Albator est entré en conflit avec ce gouvernement, menant une guerre sans merci à bord du vaisseau Arcadia, aidé de son fidèle équipage. Commandité par Gaia pour détruire de l’intérieur Albator et ses hommes, un jeune terrien s’infiltre sur l’Arcadia…

Capitaine sombre au cœur d’or

Allez, arrêtons là le suspense instauré par une introduction faussement craintive ! J’ai beau faire partie (enfin, je pense) de cette fameuse « génération Albator » dont on entend parler depuis quelques temps, je n’appartiens pas à ceux qui poussent des cris de scandale dès que l’on touche à leurs séries et films fétiches. Bien sûr, j’ai mon avis et je le partage. Lorsque j’entends parler de remakes / reboots / refontes / ripolinages de grands classiques du cinéma ou que je vois débarquer ces nouvelles versions sans saveur destinées à relancer la machine à sous en cherchant à attirer un public plus jeune, je ne hurle pas de joie. Mais de là à cracher ma douleur sur le net à grands coups de « ils m’ont volé mon enfance » – quand ça ne va pas plus loin dans l’éxagération – très peu pour moi !

il y a des douleurs bien plus fortes dans l’existence. C’est vrai quoi ! Faut vraiment pas avoir vécu grand chose dans la vie pour s’emballer de la sorte ! Ses souvenirs d’enfance, on les garde précieusement au fond de soi, bien au chaud. Et j’espère quand même, pour la majorité d’entre vous, que le meilleur de ces souvenirs n’est pas uniquement lié aux programmes tv.

Chercher à comparer les séries ALBATOR 78 ou 84 à ce ALBATOR, CORSAIRE DE L’ESPACE ne servirait pas à grand chose. D’un côté, vous avez une japanim’ datant d’il y près de 40 ans, avec ce que cela induit de daté dans le rythme et les effets. De l’autre, vous avez un film de plus d’1H30, superbement réalisé avec une technologie de synthèse des plus réalistes. Car, oui – et tant pis pour les puristes – ces séries de notre enfance sont d’un autre âge. Et même si leurs univers graphiques ont su garder le charme de la nostalgie, je vous mets au défi de vous revoir un épisode en entier sans émettre quelques critiques bien mordantes.

Des séries comme Albator ou Goldorak étaient très loin d’être irréprochables sur les plans graphique et technique. D’une fluidité et d’un rythme bien relatifs qui feraient passer une séance diapo des grands-parents pour le dernier Michael Bay, la qualité n’était pas toujours au rendez-vous. Mais les récits, nouveaux pour le jeune public de l’époque, ce mélange de mélancolie, d’images fortes (qui ne se souvient pas des redoutables Sylvidres et de leurs cris lorsqu’elles disparaissaient en se consumant dans des flammes bleutées ?) et de romantisme avaient de quoi marquer les esprits.

Qu’en est-il alors de cette version de synthèse sortie il y a 3/4 ans sur grand écran ? ALBATOR, CORSAIRE DE L’ESPACE s’avère une très belle surprise, d’un point de vue purement esthétique. J’ai lui ici et là les commentaires blasés de geeks râleurs, comparant le film à une longue séquence cinématique de jeu vidéo. Ils devraient sortir la tronche de leur console et prendre l’air…

Le film ALBATOR bénéficie d’un remarquable travail d’animation 3D mais, surtout, d’une magnifique direction artistique. Superbe mix de styles, entre steampunk, science-fiction et film de pirates, le film signé Shinji Aramaki (auteur de plusieurs long-métrages de la série SF APPLESEED) offre une ambiance à 100 lieues de la tendance « Apple-isée » (design ultra lisse et soft, si vous préférez…) en règle dans le domaine de l’anticipation depuis quelques années.

Visuellement éblouissant et plutôt fidèle au matériau de base, cet ALBATOR new look enchantera les fans de SF et de space-opera. C’est plutôt du côté du récit que l’ensemble ne tient pas vraiment la route. Non pas que l’histoire – totalement inédite dans l’univers créé par Leiji Matsumoto – soit inabordable ou incompréhensible. Mais la clarté n’est pas sa principale qualité.

Sans rentrer dans les détails pour éviter de vous dévoiler l’intrigue, il est ici question de rédemption, de catastrophe écologique et d’espoir. Le personnage même du corsaire de l’espace n’apparaît pas blanc-bleu dans cette intrigue aussi sombre que sa cape et je reconnais ne pas avoir bien compris le pourquoi de ses actes passés (je sais, j’aurai du faire rewind). Mais on peut reconnaître aux scénaristes Harutoshi Fukui et Kiyoto Takeuchi une certaine fidélité à Matsumoto et à la noirceur de ses créations.

Certains et certaines pourront reprocher au film de ne pas vraiment mettre Albator au premier plan de l’histoire. Il est fort probable que les zones d’ombre qui entourent le personnage et la fin ouverte soient propices à de nouvelles aventures. Toujours est-il que, malgré ces quelques défauts essentiellement liés au scénario, ALBATOR, CORSAIRE DE L’ESPACE peut se voir avec plaisir et ravira, je pense, les fans de manga, de japanimation et de space-opera.


ALBATOR, CORSAIRE DE L’ESPACE (2013) de Shinji Aramaki.
Scénario: Harutoshi Fukui et Kiyoto Takeuchi, d’après l’œuvre de Leiji Matsumoto.
Musique: Seiji Yokoyama.

Crédits photos: © Toei Animation

Le film est disponible sur Netflix.


Bande-annonce

7 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. manU dit :

    Vu à sa sortie.
    Je me souviens d’un film plutôt réussi visuellement mais d’une histoire pas vraiment mémorable…

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    1. Oui, c’est ce que j’ai trouvé aussi. L’histoire m’a semblé confuse… J’ai découvert en cherchant quelques infos et visuels sur le net que la version française du film aurait été coupée de 15 bonnes minutes !? Ça explique peut-être cela…

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  2. rp1989 dit :

    Je sais que mon amoureux avait bien aimé mais sans plus. Personnellement, je ne sais pas si je pourrais accrocher mais sait-on jamais.
    Merci pour cet article en tout cas, c’est très intéressant en tout cas!
    Visuellement, ça a l’air très sympa.
    Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!

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    1. C’est vrai que si on est fan d’Albator, ça peut aider… ou pas du tout 😀 Comme je le dis dans l’article, les fans hardcore se plaignent en général qu’on leur « vole leur enfance ». Bon… Sans aller jusque là, c’est à la fois respectueux et différent de la série d’origine. Mais visuellement, c’est superbe.

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      1. rp1989 dit :

        Chacun a son opinion. Je n’ai pas vu la série d’origine donc j’aurai un autre point de vue.

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  3. Wayne dit :

    Good readinng

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