BD Françaises et blockbusters américains : influences ou plagiats ?

Alors que l’adaptation par Luc Besson de la bande dessinée VALERIAN de Christin et Mézières vient de sortir et devant les bourdes multiples de blogueurs « cinéphiles » et autres internautes, critiquant le film pour ses « vols » de l’univers Star Wars, j’ai eu envie d’évoquer les emprunts – les plagiats ? – du cinéma américain dans la bande dessinée française. Et même si rien n’est totalement prouvé, certaines similitudes sont des plus troublantes.

UNE GALAXIE PAS SI LOINTAINE…

Tout d’abord, j’aimerais vous rappeler, en quelques lignes, les origines des personnages de Valerian et Laureline. En 1967, l’écrivain et scénariste Pierre Christin et le dessinateur Jean-Claude Mézières s’associent pour créer une bande dessinée de science-fiction nommée « Valerian ».

Les deux héros de ce qui va devenir une série sont des agents spatio-temporelle, Valerian et Laureline, travaillant au XXVIIIème siècle pour Galaxity, capitale de l’Empire Terrien. Voyageant dans l’espace et le temps, avec l’interdiction de modifier le continuum espace-temps si cher à Doc Brown, leurs aventures les amènent à rencontrer de nouvelles cultures extra-terrestres et traverser différentes époques de l’Humanité.

Laureline et Leïa : qui a prêté son bikini à l’autre ?

Publiée pour la première fois à la fin des années 60 dans le magazine PILOTE, la série VALERIAN – devenue en 2007 VALERIAN ET LAURELINE – deviendra un grand succès et l’un des titres-phares de la BD européenne des 50 dernières années.

Lorsqu’en 1977 le cinéaste George Lucas réalise le premier film de sa saga STAR WARS, il ne cache pas ses influences diverses : la mythologie du Roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde, les films de samouraïs et le cinéma d’Akira Kurosawa (dont LA FORTERESSE CACHÉE), les reportages tournées durant la Seconde Guerre Mondiale, etc…

Valerian coincé dans un sarcophage de verre quand Han Solo préfère la carbonite…

Avec le temps et les sorties des autres épisodes de la saga, de nombreux fans de SF sont interpellés par les troublantes ressemblances entre la saga STAR WARS et la bande dessinée VALERIAN : le visage brûlé de Dark Vador, caché par un casque; Han Solo pris dans la carbonite; le bikini oriental de Leïa; l’apparence de certains aliens, etc…

Aujourd’hui, comble de l’ironie, certains jeunes spectateurs, après avoir vu VALERIAN ET LA CITÉ DES MILLE PLANÈTES, se plaignent des emprunts de Besson, trouvant que « le vaisseau de Valerian ressemble beaucoup trop au Faucon de Han Solo », par exemple ! L’âge et les limites de la culture générale font rarement bon ménage…

L’Intruder de Valerian et Laureline contre le Faucon Millenium de Han Solo et Chewbacca…
Retour à l’envoyeur ?

Ça n’est pas un scoop. La saga STAR WARS est devenue depuis 40 ans un phénomène de société qui a influencé bon nombre de jeunes créateurs, que ce soit dans les domaines de la littérature, de l’illustration ou de la bande dessinée. Après avoir puisé (pillé ?) dans de nombreux univers et dans de multiples créations existantes, les aventures de la famille Skywalker ont inspiré à leur tour bon nombre d’univers de science-fiction.

Han Solo et son cousin franco-italien Carlo…

La bande dessinée française AQUABLUE, créée par le scénariste Thierry Cailleteau et le dessinateur Olivier Vatine, n’a pas de liens directs avec STAR WARS. Mais on ne peut ignorer le fait que le personnage de Carlo et son vaisseau, le Stromboli, ne sont pas sans évoquer Han Solo et son vaisseau le Faucon Millenium.

Le Stromboli de la BD AQUABLUE. Comme un air de « déjà-vu »…

Influence délibérée ? Hommage à une œuvre culte ? Clin d’œil appuyé ? Près de 30 ans après ses débuts, AQUABLUE a engendré d’autres aventures, regroupés comme de mini-sagas sur 2 à 5/6 albums et réalisées par d’autres auteurs. Le personnage de Carlo et son vaisseau le Stromboli sont toujours intégrés à l’histoire et n’ont pas engendré la colère de George Lucas puisque le dessinateur Vatine fut l’un des artistes choisis pour l’adaptation en comics de la trilogie de Timothy Zahn se déroulant après LE RETOUR DU JEDI. Une véritable farandole artistique…

AQUABLUE vs AVATAR
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Des extra-terrestres à la peau bleue, vivant en harmonie avec la nature sur une planète loin de toute technologie dévastatrice… Un humain prenant fait et cause pour ce peuple, face à des industriels terriens, avides de bénéfices commerciaux et sans scrupules… Une guerre inévitable entre humains et extra-terrestres, débouchant à l’échec des humains…

Un humain se rallie à la cause d’êtres à la peau bleue dans AVATAR…

Bienvenue dans l’univers d’AVATAR, créé par le cinéaste James Cameron… et dans l’univers d’AQUABLUE de Cailleteau et Vatine, déjà cités plus haut et co-auteurs de cette BD française depuis 1988, soit 20 ans avant le blockbuster de Cameron !

… et un humain se ralliant à la cause d’êtres à la peau bleue dans AQUABLUE !

Difficile de ne voir qu’une simple coÏncidence entre AQUABLUE et AVATAR lorsque l’on découvre autant de similitudes entre la BD française datant des années 80 et le film de James Cameron débarqué sur les écrans en 2009.

Le plus ironique dans cette histoire, c’est de constater que certains internautes reprochent aujourd’hui à Luc Besson d’avoir « copié » le film de Cameron pour le peuple écolo-pacifique de sa version ciné de VALERIAN ! Une nouvelle preuve – après les critiques VALERIAN / STAR WARS citées plus haut – que la culture 2.0 est source de toutes les bêtises…

AQUABLUE vs AVATAR : un « rêve bleu » au goût de plagiat…

Certes, AQUABLUE n’a pas souffert de cet « emprunt » évident et  la BD de Cailleteau et Vatine reste l’un des plus beaux succès de la BD francophone de ces 30 dernières années. Aujourd’hui encore, la saga AQUABLUE se poursuit avec d’autres auteurs aux commandes.

Il n’en demeure pas moins que le AVATAR de Cameron comprend de nombreuses et troublantes ressemblances avec la BD, dans son synopsis de base comme dans ses décors, personnages et détails divers avec, par exemple, les exo-squelettes de l’armée humaine, l’avidité commerciale et industrielle des Terriens, l’âme de la planète des extra-terrestres, etc…

À gauche, un exosquelette dans AQUABLUE. À droite, un exosquelette dans AVATAR.

EnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerCertains vous diront que l’histoire du peuple indigène et pacifique, en proie aux intentions malveillantes d’une civilisation plus « évoluée », n’est pas à proprement parlé une trame totalement originale. D’autres, par le passé, ont déjà abordé ce sujet dans des récits d’aventures ou de science-fiction.

Un peuple chassé de sa planète par des colons terriens dans BIENVENUE SUR AFLOLOL, une aventure de Valerian et Laureline !

Comble de l’ironie et histoire de boucler la boucle, l’album de Valerian et Laureline BIENVENUE SUR AFLOLOL évoque une histoire similaire avec son peuple proche de la nature, chassé de ses terres par une colonie terrienne !

Inspiration fortuite ? Plagiat éhonté ? Copie de copie ?… Il n’est jamais simple d’établir avec assurance les sources originales d’une trame, qu’elle soit littéraire ou cinématographique. La bande dessinée et le cinéma ont toutefois de multiples ressemblances. Et ne dit-on pas qu’un storyboard a tout d’une bande dessinée, dans son découpage et sa présentation.

Quant à la toute puissante Hollywood, trop certaine de sa supériorité sur les autres médias et sur les créations d’autres pays, nous n’avons pas fini d’en entendre parler.EnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrer

Photo de couverture : une illustration originale de Mézières, clin d’œil réunissant Valerian, Laureline, Luke et Leïa !EnregistrerEnregistrer

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4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Angelilie dit :

    beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.N’hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo)
    au plaisir

    Aimé par 1 personne

    1. Merci Angelilie ! Je n’y manquerais pas 😉

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  2. John Hudson dit :

    Besson a lui même dit qu’ Avatar avait changé sa vision de Valerian, on sait qu’il est coutumiè du fait nottament avec Lucy, il a été condamné pour plagiat avec un autre film.

    Hollywood plagie souvent comme avec le roi lion et le lion blanc de Tezuka, on hésite souvent à leur faire un procès car ils ont les moyens de se défendre.

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