Humeur : des espoirs et déceptions #9

Pour ce nouveau billet d’humeur, un constat amer sur l’indéboulonnable importance de l’image dans notre riante société. 2 exemples récents viennent relancer l’éternel débat autour des diktats  de l’apparence…

Apparence et retouches rances

Le hasard de l’actualité ciné vient de raviver le débat sans fin du culte de l’apparence. Quoi de plus évident que l’image quand il s’agit de 7ème art me direz-vous. Inacceptable lorsqu’il est question de retouches inutiles ou d’uniformiser les cultures…

La sortie d’une version live du manga culte GHOST IN THE SHELL a soulevé, depuis son annonce, bien des polémiques. Au delà de la nécessité d’un remake avec de vrais acteurs ou de la qualité même du film (c’est un tout autre sujet et j’en parlerai mieux après avoir vu le film en question…), le fait que le personnage principal soit interprété par une actrice américaine ravive cette nauséabonde notion de « whitewhashing » dans le cinéma US.

Ghost In the Shell, nouvel exemple du « whitewashing » ou simple cohérence ?

Hollywood lave plus blanc et une vidéo en fait un amer constat, évoquant en quelques minutes ce besoin de se réapproprier certains récits tirés de romans ou d’autres films en occidentalisant le ou les héros.

S’il est toujours bon de rappeler ce genre d’inepties pour mieux les dénoncer, que dire des mangas qui, en grande majorité, nous proposent des personnages aux grands yeux brillants et aux joues bien roses ? Des héros de notre enfance, de Goldorak à Albator, aux films des studios Ghibli, les caractères présentés n’ont rien d’orientale. Étrange besoin de s’identifier à un idéal occidental ou refus d’appartenance à une culture ? Le plus curieux dans tout ça, c’est que personne ou presque, dans les medias ou chez les fans, ne semble s’en offusquer…

Autre actualité à l’approche du Festival de Cannes avec la révélation de l’affiche de la 70ème édition. Dans une tonalité de rouge, une photo de l’actrice Claudia Cardinale, alors jeune débutante dansant sur un toit, a été choisie pour représenter l’annuelle manifestation. Une certaine idée de légèreté et de fête en somme… mais plutôt gâchée par une série de retouches bien inutiles.

Claudia Cardinale, inutilement retouchée pour l’affiche de Cannes 2017…

Triste signe des temps où le culte du corps parfait fait encore bien des ravages. Et incompréhension totale face à une photo qui ne nécessitait aucune modification. Le « Merci Photoshop ! », devenu usuel aujourd’hui, lancé avec cynisme et, le plus souvent, avec une totale méconnaissance du logiciel, devrait n’être qu’un mauvais souvenir. Utilisé majoritairement pour de la création graphique ou de la retouche d’éclairage, l’appli miracle ne vient pas redorer la blason de la profession de graphiste quand elle est utilisée de cette façon.

C’est vrai, il y a des causes plus urgentes et la polémique n’a pas vraiment raison d’être comme l’a souligné elle-même l’actrice italienne, interviewée sur le sujet. Une dérive pourtant regrettable à mon humble avis. Et même si elle sera vite oubliée ou remplacée, la controverse qui en résulte n’embellit pas les choses. Le cinéma joue sur l’imaginaire et le factice. Mais jusqu’à quel prix ?

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5 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. rp1989 dit :

    Je suis d’accord avec toi: je n’ai pas compris le besoin de retoucher Sophia Loren et cette affaire de white washing pour Ghost in the Shell me paraît assez étrange.
    Notre société évolue toujours vers plus d’uniformisation.
    Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!

    Aimé par 2 personnes

    1. C’est Claudia Cardinale qu’ils ont retouché 😉
      Bises miss !

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      1. rp1989 dit :

        Pardon. La honte lol.

        Aimé par 1 personne

  2. J’avoue, moi les 2 retapes m’énervent immensément, même si je suis surtout très vénère sur Ghost in the shell, qui m’a l’air complètement détruit d’après ce que j’ai vu de la bande annonce. Au delà du white washing qui m’emmerde un peu, mais qui n’est pas mon plus gros grief, j’en ai surtout ras le pompom qu’on nous serve La Jojo à toutes les sauces dès qu’il faut interpréter un personnage féminin d’action. Comprenons-nous bien: Scarlet a un corps divin. Vraiment. Mais elle n’a en aucun cas le corps athlétique d’une experte des arts martiaux et n’a jamais été crédible dans les scènes de combats, où personne n’est foutu de lui trouver une doublure qui épouse ses formes sublimes mais bien peu promptes à foutre des coups de tatanes. Elle est nase en Black Widow, et je parle même pas de Lucy. Bref, pour moi, c’est comme si on avait fait un Rocky avec Ewan Mc Gregor: j’ai beau le trouver très séduisant et l’apprécier beaucoup en tant qu’acteur, je l’imagine pas une seconde filer un upercut à Appolo! Sans compter que le major Kusanagi doit facilement faire son mètre 😯 dans l’original, il manque quand même pas mal de centimètres. Bref; des actrices capables d’être crédibles dans des rôles d’action, y’en a quand même pas mal, on est pas obligé de se coltiner Scarjo à chaque fois!
    Sinon ben finalement c’est le même problème pour la belle Claudia: à force de considérer qu’un corps ne doit être qu’une chose à admirer, on en oublie qu’il est avant tout un moyen de se mouvoir, de sauter, de vivre, de danser et que c’est avant tout en ça qu’il est beau. Et puis bon, Claudia, c’est tellement plus qu’une image de magazine, la réduire à ça par des basses altérations, c’est en oublier sa présence, son sourire, et surtout son atout ultime, cette voix à tomber!

    Aimé par 1 personne

    1. Je suis tout à fait d’accord avec toi : absurdité et honte pour ces retouches sur la photo de cette superbe actrice italienne ! Faire ce genre de modifs n’était absolument pas nécessaires. Et le pire, c’est que les responsables du Festival joue l’ignorance, alors qu’ils ont commandité cette affiche, et renvoient à l’agence pour toute demande d’explications. Agence de com’ qui ne s’est posé aucune question déontologique à une époque où l’anorexie fait encore des ravages… C’est vrai que ça n’est qu’une affiche et qu’il y a bien plus grave mais cela reste pitoyable.
      Quant à Scarlett Johansson, son choix pour le GITS en live tient essentiellement à une volonté d’attirer un nouveau et jeune public… qui ne connait peut-être pas la version originale. Au delà de son choix discutable et du pénible « whitewashing » en vigueur dans le cinéma américain, il y a aussi ce besoin absurde de tout « remaker / rebooter ».

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