Revoir CONDORMAN

L’avènement du blockbuster impose un nouveau public à Hollywood : celui des adolescents, friands de divertissements « pop » et rythmés. Avant de s’investir dans l’avant-gardiste TRON en 1982, Disney choisit de produire un pop-corn movie, entre parodie de James Bond et comic-book 20 ans avant l‘engouement pour le genre.

 

L’espion du dimanche

Pour cette production, les studios Disney vont s’inspirer d’un roman de Robert Sheckley paru au milieu des années 60 : THE GAME OF X, traduit en France sous le titre L’ESPION DU DIMANCHE.

Disparu il y a une quinzaine d’années, Sheckley était, depuis les années 50, un auteur réputé de nouvelles, de romans d’anticipation et de science-fiction, teintés d’humour et d’ironie. Il signa également des scénarios pour la télévision dont la mythique série LA QUATRIÈME DIMENSION.

En France, ses romans LA SEPTIÈME VICTIME et LE PRIX DU DANGER demeurent les plus célèbres, respectivement adaptés au cinéma par Elio Pietri en 1965 et Yves Boisset en 1982.

 

Héros malgré lui

Dans L’ESPION DU DIMANCHE, un jeune américain sans histoires est pris pour un super agent-secret en Europe, durant la Guerre Froide. Il se voit bientôt forcé de faire passer un agent-secret soviétique à l’Ouest.

S’appuyant sur ce canevas simple mais efficace, le récit de CONDORMAN voit le dessinateur de comics Woody Wilkins (Michael Crawford) engagé par la CIA pour une simple mission sur Istanbul. Wilkins accepte à condition que les gadgets de son personnage de bande dessinée, Condorman, soient construits et opérationnels !

Bientôt, Woody / Condorman est pris en chasse par de mystérieux tueurs alors qu’il tente de faire passer à l’Ouest la belle espionne Natalia (Barbara Carrera)…

 

Entre James Bond et Superman

Si le ton général du film évolue dans le pastiche, entre parodie des aventures de James Bond et comédie de super-héros, les scènes d’action n’en sont pas moins traitées avec sérieux, telle cette séquence de poursuite sur les routes du sud de la France entre la « Condormobile » et les Porsche noires des ennemis du héros.

Dans le rôle de ce héros malgré lui, on retrouve l’acteur britannique Michael Crawford, révélé dans les années 60 pour ses participations à LE KNACK… ET COMMENT L’AVOIR de Richard Lester ou HELLO DOLLY ! de Gene Kelly. C’est d’ailleurs dans le domaine de la comédie musicale que ce comédien s’imposa.

Seule présence féminine du film, l’ex mannequin Barbara Carrera se fit remarquée en 1977 dans L’ÎLE DU Dr MOREAU aux côtés de Burt Lancaster puis dans le James Bond « hors-série » JAMAIS PLUS JAMAIS avec Sean Connery.

D’origine britannique, Oliver Reed fit l’essentiel de sa carrière dans les années 60 et 70 avec LA MALÉDICTION DU LOUP-GAROU, LOVE, ASSASSINATS EN TOUS GENRES, LES DIABLES, LES TROIS MOUSQUETAIRES ou TOMMY. Avant sa disparition en 1999, il participa au casting de GLADIATOR de Ridley Scott.

Seul comédien français du film, l’acteur et chanteur Jean-Pierre Kalfon a tourné avec Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Pierre Granier-Deferre et Claude Lelouch, entre autres. On a pu le voir dans UNE FILLE ET DES FUSILS, LES GAULOISES BLEUES, LA FEMME FLIC, LES UNS ET LES AUTRES, UNE ÉTRANGE AFFAIRE ou LE CRI DU HIBOU.

 

BO et gadgets

À la bande originale de CONDORMAN, on retrouve le compositeur Henry Mancini. Célèbre pour sa mémorable partition musicale jazzy sur LA PANTHÈRE ROSE, Mancini fut le créateur des musiques d’HATARI!, LA SOIF DU MAL, CHARADE, LA PARTY, TRANSAMERICA EXPRESS ou LIFEFORCE.

la bande originale d’Henry Mancini ne connut pas de distribution avant 2012.

Tel Batman, le personnage de Condorman était équipé de nombreux gadgets dont les fameuses « ailes pliables ». Une « Condormobile » et un « Condorboat » offrirent au film de belles séquences de course-poursuite.

La « Condormobile » fut basée sur une Nova Sterling, automobile de fabrication anglaise devenue célèbre dans les années 70.

 

 

Culte et précurseur

À sa sortie française en octobre 1981, CONDORMAN attirera un peu plus d’un million de spectateurs dans salles. Mais son accueil à l’international resta mitigé. La « signature » Disney lui valut rapidement une étiquette « divertissement familiale », ce qu’il était et demeure effectivement.

Toutefois, le qualificatif prit alors une notion péjorative dont le film eut du mal à se départir malgré l’engouement des jeunes spectateurs de l’époque.

Une novélisation et une adaptation du film en bande dessinée furent même proposées à la sortie du film, répondant timidement aux attentes du public.

Près de 40 ans après sa sortie, CONDORMAN est véritablement devenue un film culte pour de nombreux enfants de l’époque, dont votre humble serviteur.

Précurseur de la vague d’adaptations de comics sur grand écran… sans être réellement une adaptation d’un titre de chez Marvel ou DC Comics, le film s’est forgé avec le temps l’image d’un divertissement réussi et novateur, signe des audaces de Disney en matière de cinéma avant la création de sa filiale Touchstone.

 

CONDORMAN (1981) de Charles Jarrott.
Avec Michael Crawford, Barbara Carrera, Oliver Reed, Jean-Pierre Kalfon, Dana Elcar, James Hampton…
Scénario : Marc Stirdivant d’après « L’espion du dimanche / The game of X » de Robert Sheckley. Musique de Henry Mancini.

 

Crédits photos : © Walt Disney Pictures

 

Bande-annonce

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