Pour une poignée de films… #34

Au sommaire de cette nouvelle poignée : un film d’espionnage efficace, un Marvel distrayant et une suite ratée et inutile.

LE 4ème PROTOCOLE de John Mackenzie (1987)

À la fin des années 60, un traité est signé entre les États-Unis, l’URSS et la Grande-Bretagne, interdisant sur l’un des territoires participants l’intrusion clandestine d’une arme nucléaire… 20 ans plus tard, un général soviétique cherche à déstabiliser cette situation en envoyant Petrofsky (Pierce Brosnan), un agent infiltré, faire sauter une bombe atomique près d’une base américaine située en allemagne. John Preston (Michael Caine), un agent britannique, se lance à la poursuite du terroriste…

Deux ans avant la chute du Mur de Berlin et la fin progressive de la Guerre Froide, LE 4ème PROTOCOLE offrait un film d’espionnage sobre et classique, plus basé sur le suspense psychologique que sur l’action débridée digne d’un James Bond.

Tiré d’un roman de Frederick Forsyth (CHACAL, LE DOSSIER ODESSA…), auteur spécialisé dans le thriller d’espionnage et régulièrement adapté au cinéma, le film se voit aujourd’hui comme une curiosité d’un autre temps, efficace et captivante.

Dans un rôle qui n’est pas sans évoquer l’iconique Harry Palmer qu’il interpréta dans les années 60 (IPCRESS : DANGER IMMÉDIAT, MES FUNÉRAILLES À BERLIN…), Michael Caine joue un attachant agent secret britannique, seul contre sa hiérarchie, se plongeant dans son enquête pour mieux supporter la disparition de sa femme.

Mais la curiosité première du film reste l’interprétation de Pierce Brosnan. Dans le rôle d’un terroriste soviétique, froid et violent, l’acteur est bien loin de son personnage glamour de la série REMINGTON STEELE. En cette fin des années 80, le rôle de 007 lui avait échappé, repris finalement par Timothy Dalton alors que Brosnan était retenu par ses engagements télévisuels.

Parvenant à rendre inquiétant et détestable son personnage d’espion manipulateur et sans scrupules, Brosnan est au centre de quelques séquences marquantes du film. Au final, LE 4ème PROTOCOLE, bien que daté, se regarde encore avec intérêt, comme une représentation romanesque d’une situation géo-politique à la fois proche et lointaine.

 

CAPTAIN MARVEL (2019) de Anna Boden et Ryan Fleck

Sur la lointaine planète Hala où vivent les humanoïdes Kree, Vers (Brie Larson) fait partie d’une unité de soldats entraînés pour affronter les Skrulls, des métamorphes avec lesquels les Kree sont en guerre. Mais Vers fait d’étranges cauchemars alors qu’elle n’a plus de souvenirs au delà des 6 dernières années…

Avec un programme maîtrisé de production et de distribution de ses films, les studios Marvel sont parvenus à imposer au public un univers de blockbusters reliés entre eux, divertissements efficaces et nécessitant de voir chaque film de peur de s’y perdre.

Autour des titres phares que sont AVENGERS, IRON-MAN ou CAPTAIN AMERICA, des personnages moins célèbres ont eux aussi bénéficié de leurs films. C’est donc le cas de CAPTAIN MARVEL, première super-héroïne de « la Maison aux Idées » à faire une incursion sur grand écran… après s’être fait doubler par l’iconique WONDER WOMAN de chez DC Comics, première super-héroïne à obtenir son film attitré !

Personnellement – et bien que fan de comics – je ne connaissais pas ce personnage de « super woman » au costume clinquant comme une canette de Pepsi Max. Le nom m’évoquait vaguement quelque chose, bien qu’une certaine confusion exista un temps avec le personnage de Shazam de chez DC, portant un temps le même nom…

CAPTAIN MARVEL démarre en 4ème vitesse, brouillant volontairement les repères pour plonger le spectateur dans la même confusion que son héroïne principale, interprétée avec distance et conviction par la juvénile Brie Larson (SCOTT PILGRIM, STATES OF GRACE, KING KONG SKULL ISLAND…). La confusion ressentie est un peu forte et empêche véritablement d’accrocher au récit.

Puis, l’arrivée de l’héroïne sur Terre, dans les années 90 – à une époque où Nick Fury (Samuel L. Jackson) n’est pas encore le grand patron du SHIELD et où ni Iron-Man, ni Captain America ne sont connus du monde – lance véritablement le récit. Prenante à défaut d’être passionnante, l’histoire de CAPTAIN MARVEL est l’occasion d’une succession de clins d’œil à une époque ou les téléphones portables n’ont pas encore envahi notre société, et où les vidéo-clubs existaient encore.

S’offrant même un twist intéressant aux deux tiers du récit, CAPTAIN MARVEL multiplie les allusions aux autres films Marvel, comme aux classiques que sont TOP GUN ou PULP FICTION à l’aide de références visuelles et musicales.

Efficace sans être mémorable, incluant quelques guest stars au casting (Annette Benning, Jude Law), CAPTAIN MARVEL est un Marvel distrayant et qui remplit son cahier des charges.

 

NOUS FINIRONS ENSEMBLE (2019) de Guillaume Canet

Quelques années après leurs dernières vacances estivales en groupe, la « bande du cap Ferret » se retrouve autour de Max (François Cluzet) pour son anniversaire. Mais ce dernier, criblé de dettes, ne veut pas en entendre parler…

L’amitié et ses aléas est devenu un genre cinématographique à part entière, donnant souvent d’excellents résultats : NOUS NOUS SOMMES TANT AIMÉS, THE BIG CHILL, UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT et NOUS IRONS TOUS AU PARADIS, PETER’S FRIENDS, VINCENT, FRANÇOIS, PAUL ET LES AUTRES…

En 2010, Guillaume Canet s’attelle à son tour à « un film de potes » et réalise LES PETITS MOUCHOIRS, grand succès public à sa sortie en salles. Réunissant une équipe d’acteurs comptant parmi ses proches (François Cluzet, Gilles Lellouche, Marion Cotillard, Valérie Bonneton, Benoît Magimel…) dans le beau décor naturel du cap Ferret, Canet tente de retrouver l’esprit des œuvres de Claude Sautet. Sans son talent.

Film bancal, LES PETITS MOUCHOIRS cumulait les scènes inégales et supportait difficilement une seconde vision, perdant souvent le fil rouge de son récit pour s’égarer dans une suite de sketchs sans grand intérêt autour des « amis » et de leur égoïsme.

Près de 10 ans plus tard, était-il nécessaire de réaliser une suite aux PETITS MOUCHOIRS ? La réponse est « non ». Copié-collé poussif du 1er film, NOUS FINIRONS ENSEMBLE n’apporte absolument rien de plus si ce n’est pour les fans de la première heure, probablement ravis de retrouver ces bobos parigots antipathiques autour d’une assiette d’huitres et d’un rosée vite descendu.

Avec cynisme, on peut très bien imaginer ce qui a motivé Canet de remettre le couvert, suite aux échecs cumulés de BLOOD TIES  (remake US des LIENS DU SANG) et ROCK N’ ROLL. L’idée de retrouver le succès en réchauffant un plat consommé jusqu’à la dernière miette n’est pas nouvelle.

Mais NOUS FINIRONS ENSEMBLE sent le « déjà-vu » mal écrit et mal interprété (Cluzet en fait des caisses dans l’éternel rôle du brave type vénère…) et donne envie de finir la soirée tout seul, loin du bruit et de la fureur des hommes.

Suite inutile et ratée, cumulant les clichés sexistes et maladroits, NOUS FINIRONS ENSEMBLE porte bien mal son titre. Le film a au moins le mérite de faire découvrir encore la beauté du cap Ferret. Et de nous rappeler que l’amitié longue durée n’est pas forcément la plus belle des idées.

6 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. princecranoir dit :

    Je me suis contenté de la Captain et son costume Pepsi Max. Épisode de transition divertissant en effet mais pas memorable.

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    1. Oui, bien d’accord… J’ai découvert le Canet lors d’une avant-première. Une daube, poussive et inutile comme déjà dit. Pas besoin de s’étonner en voyant ça que les comics au ciné ont encore de beaux jours devant eux 😄

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      1. princecranoir dit :

        Je suis curieux de voir le rebond post Endgame. Ça dépendra beaucoup je pense de l’impulsion donnée par le futur Spider-Man et peut être aussi du lancement de la plate-forme Disney.
        Pas vu le Canet, ni le précédent d’ailleurs. J’en suis resté à « mes meilleurs copains », matrice de buddy movies à la française signé JM Poiré.
        Il m’intrigue ce film avec Michael Caine, il me fait penser à Ipcress.

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      2. Oui, il y a un peu de ça pour le thriller avec Michael Caine, le charme vintage en moins. Mais cela reste efficace… Pour le Canet, je ne m’attendais à rien donc…. Il y a quelques bonnes répliques. Et ce qui est dommage, c’est de voir de bons acteurs (Lellouche, Cluzet…) là-dedans. Ça n’est même pas un nanard, c’est un mauvais film bobo. Le premier m’avait laissé une bonne première impression. Puis en le revoyant, j’ai compris mon erreur 😄 Tous les personnages sont à baffer dans les deux films. Le genre d’amis qui te fait réfléchir et te donne plutôt envie de t’isoler… Mes Meilleurs Copains était vraiment bon, nostalgique avec un peu d’amertume… Il y a l’excellent Clara Et Les Chics Types, peut-être un peu oublié aujourd’hui, sur un scénario et des dialogues de Dabadie. Un vrai beau film sur l’amitié, la difficulté de devenir adulte, avec un humour plein de finesse et de la tendresse aussi… Dans ce genre, il y a eu de très bonnes choses, bien heureusement !

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      3. princecranoir dit :

        Oui, c’est vrai, il y a Clara qui est très bien aussi.
        Non, décidement je n’ai rien contre Canet mais son film ne me tente pas. Il vient de surcroît de se faire démolir à l’unanimité par les critiques du Masque.

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      4. Après…. Les critiques du Masque n’aiment rien en général 😉

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