Des espoirs et déceptions #22

Pour ce 22ème billet de la mauvaise – ou bonne – humeur, retour sur une.question d’actualité, à la manière « stylée » des créateurs de Blow Up sur Arte : c’est quoi le Cinéma Français ?

 

Exception culturelle

Le Cinéma Français a donné lieu récemment à de nouveaux débats avec la sortie début septembre de (très) Cher cinéma français” pamphlet d’Éric Neuhoff, journaliste spécialiste du 7ème art, chroniqueur pour Le Figaro et Le Masque et La Plume, l’émission des “jamais contents” de la culture. Connaissant cette émission « exigeante » de (très) loin, je serais bien mal placé pour vous en parler en détails. Tout au plus et pour ce qui est du 7ème art en particulier, je sais que l’émission est réputée pour descendre en règle toute nouvelle sortie cinématographique. Rien d’étonnant, donc, de retrouver le sieur Neuhoff faire l’état des lieux d’un cinéma hexagonal malade.

Une question se pose : n’est-ce pas tirer sur l’ambulance que de faire la liste des dysfonctionnements d’une industrie (oui, le cinéma est aussi une industrie) qui semble ne plus intéresser une grande partie du public français ? Faut-il, comme s’y applique Éric Neuhoff, enfoncer des portes grandes ouvertes pour appuyer un peu plus sur la tête d’un art à la française (oui, le cinéma est aussi un art) qui peine à sortir de l’eau depuis des années ?

Ma réponse est : oui, toujours oui, encore oui. Rien de nouveau sous le soleil tant cette guerre entre le cinéma frenchy et le cinéma US déchaîne les passions, alimente les discussions et les affrontements de fin de soirées arrosées depuis des années. Dans notre riante contrée où le coup de gueule est une tradition, prendre partie pour ou contre le cinéma français est presque un passage obligé.

Il y a les défenseurs de « l’exception culturelle », d’un cinéma soit disant « exigeant »… mais souvent rébarbatif et finalement gonflant. Depuis la Nouvelle Vague qui accuse tout de même ses 60 années bien tassées, combien de films français nous présentent ces éternels errances parisiennes d’individus en mal de vivre ? Certes, un coût réduit dans des décors naturels et à portée de main est l’avantage premier de ce genre de réalisations.

Quelques jeunes actrices dénudées, en mal de reconnaissance et prête à « s’offrir » aux volontés du réalisateur, des comédiens au noms étranges qui annoncent leur texte d’un air renfrogné, des canevas amoureux – Elle ? Lui ? Moi ? Toi ? Nous quoi… – mille fois abordés au cinéma et des plans interminables de déambulations cafardeuses sur les quais de la Seine… et on nous vend le tout en nous certifiant que le film en question apporte un véritable coup de fraîcheur au cinéma en général !

À côté de ces « productions auteurisantes », on trouve régulièrement des films « tous publics », soit des productions où le cachet de chaque acteur dépasse de loin le PIB d’un petit état. De grosses sommes sont investies afin de produire des énièmes adaptations de pièces de théâtre usées jusqu’à la corde (14 Millions d’euros pour le récent DINDON tiré d’une pièce de théâtre de Feydeaux avec Danny Boon et Guillaume Gallienne, par exemple…). Des suites de comédies populaires sont lancées à grand renfort de publicités agressives. Et tout cela au détriment de sujets novateurs et soignés. À l’exception de quelques films qui sortent du lot et s’imposent sans crier gare.

Belmondo, Delon et Gabin : quand le cinéma français avait de la gueule…

Car, il faut aussi le reconnaître, le cinéma français sait parfois surprendre en sortant d’une traditionnelle utilisation abusive de lieues communs. Les récents LE CHANT DU LOUP (un spectaculaire huis-clos d’anticipation à bord d’un sous-marin) ou EDMOND (une approche romancée et ludique de la création de « Cyrano de Bergerac ») nous offrent de belles productions, réellement exigeantes mais n’oubliant jamais la part du divertissement et les spectateurs venus payer 12€ leurs places.

De nombreuses petites productions, dîtes de série B, ont su se démarquer par leur culot, bravant ce cliché certifiant que le cinéma de genre ne pouvait être français (lire à ce propos l’excellent LE CINÉMA FRANÇAIS… C’EST DE LA MERDE !)

Il n’y a encore pas si longtemps, des œuvres dîtes « populaires », des films portés par des noms mythiques comme Jean-Paul Belmondo ou Louis de Funès, attiraient le public sans oublier d’offrir de véritables divertissements. Les FLIC OU VOYOU et autres PROFESSIONNEL côtoyaient, sans rougir, les œuvres plus personnelles de Bertrand Blier comme BEAU PÈRE avec Patrick Dewaere. Des cinéastes passionnés – tels Jean-Pierre Melville avec L’ARMÉE DES OMBRES, François Truffaut avec LE DERNIER MÉTRO, Alain Corneau avec LE CHOIX DES ARMES, Claude Sautet avec VINCENT, FRANÇOIS, PAUL ET LES AUTRES ou Bertrand Tavernier avec COUP DE TORCHON d’après un polar de Jim Thompson – réunissaient un casting de stars et de futurs talents pour des films qui s’adressaient autant au public qu’à la critique dans un même élan.

C’était donc mieux avant ? C’est bien probable. Mais c’était surtout différent, avec ce sentiment de réunir l’art et le divertissement.

Sortir des sentiers battus. Proposer de l’inédit, du spectaculaire sans négliger le public. Retrouver ces actrices et ces acteurs qui associaient glamour et talents… Voilà qui ferait sans doute bouger les choses et rendrait notre cinéma hexagonal plus attractif et intéressant. On peut toujours rêver.

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