Depuis bientôt 35 ans, un héros de fiction, créé pour le cinéma par George Lucas et Steven Spielberg, personnifie à lui seul l’aventure trépidante et l’exotisme : Indiana Jones, archéologue universitaire et éternel baroudeur, toujours en quête d’une relique mystique cachée au fin fond d’un dédale de trappes secrètes et de couloirs infestés de pièges ! En un film, ce personnage s’est imposé comme une indéniable référence.
LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE appartient aujourd’hui à la légende du 7ème art. Film de chevet (encore un !) de votre humble serviteur, il est la parfaite synthèse du blockbuster et du film d’aventures… et un choix idéal pour le Ciné-Club estival du Bric-À-Brac de Potzina ! Prenez votre chapeau feutre, votre blouson de cuir et votre fouet. On décolle sans plus attendre…

DE L’IMPORTANCE DES CHÂTEAUX DE SABLE DANS LE PROCESSUS CRÉATIF
L’aventure commence au début des années 70. Jeune cinéaste tout juste sorti de l’échec de son 1er film, THX 1138, grâce au succès du deuxième, AMERICAN GRAFFITI, George Lucas développe deux projets inspirés par les vieux serials de son enfance, lors de rediffusion télé. Il ne peut adapter les aventures de FLASH GORDON, les droits étant déjà retenus par le réalisateur français Alain Resnais. Lucas décide alors d’écrire son propre « space-opera » qu’il nomme STAR WARS.

Parallèlement à son épopée spatiale, il met en place les bases d’un héros d’aventure, évoquant des films de série B comme DON WINSLOW OF THE NAVY, des classiques tels LE TRÉSOR DE LA SIERRA MADRE de John Huston avec Humphrey Bogart ou les pulps et séries tv à la JUNGLE JIM.
En 1975, Philip Kaufman, un ami d’université et futur réalisateur de L’ÉTOFFE DES HÉROS, aide Lucas dans l’élaboration de son projet d’aventure. Il lui suggère le mythe de l’Arche d’Alliance dans laquelle les Tables de la Loi, regroupant les 10 Commandements, auraient été placés après avoir été brisé de colère par Moïse. Abordé dans un premier temps comme un playboy aventurier, le personnage développé par les deux hommes devient un archéologue en quête de reliques ancestrales.
George Lucas souhaite que Kaufman mette en scène son projet. Mais ce dernier s’apprête à réaliser une nouvelle version de L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES et décline l’offre. Mettant son héros baroudeur temporairement de côté, Lucas se consacre alors à STAR WARS. 2 ans plus tard, en mai 1977, harassé par l’éprouvante production du film, il part en famille prendre du repos à Hawaï.
À vrai dire, le réalisateur n’en mène pas large. L’hostilité de l’équipe anglaise de STAR WARS, la pression des producteurs de la FOX et la mise en place balbutiante des effets spéciaux l’ont épuisé nerveusement. Déprimé, il envisage sérieusement un échec artistique et financier lorsque les premiers retours phénoménaux du film le rassurent enfin.
Steven Spielberg l’a rejoint entre temps pour une pause sur le tournage de RENCONTRES DU 3ème TYPE. Savourant le triomphe de Lucas sur une plage Hawaïenne, les deux amis discutent de leurs futurs projets tout en construisant des châteaux de sable. Spielberg rêve de réaliser un James Bond. « J’ai beaucoup mieux à te proposer ! » réplique Lucas, lui évoquant son récit d’aventures développé avec Kaufman. Emballé, Spielberg lui donne son accord de principe.
LE RETOUR DE LA GRANDE AVENTURE
STAR WARS fait un carton planétaire. RENCONTRES DU 3ème TYPE est un énorme succès, après le raz-de-marée des DENTS DE LA MER. En 2 ans à peine, Lucas et Spielberg sont devenus les nouveaux rois d’Hollywood. Mais un incident de parcours vient gripper la phénoménale baraka. Disposant d’un colossale budget pour l’époque et pour son âge, Steven Spielberg connaît l’échec avec 1941, projet délirant et incompris qui lui tenait à cœur. La réputation du « wonder boy » a pris du plomb dans l’aile. Et il lui faut vite se remettre en selle.

Steven Spielberg aborde donc les années 80 en s’attaquant aux AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE. Le récit a été retravaillé par Lawrence Kasdan – également scénariste sur L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE – après un important changement. À l’origine du nom du héros, il y a… un chien ! Le propre chien de George Lucas, qui lui avait déjà inspiré le personnage de Chewbacca, s’appelait Indiana. L’anecdote inspirera même le 3ème volet de la série, LA DERNIÈRE CROISADE. Pourvu d’un prénom, l’aventurier se nomme encore Indiana Smith lorsque Spielberg arrive sur la pré-production du film. Jugé beaucoup trop banal, le nom Smith évolua en Jones, produisant au final une meilleure sonorité.
Afin d’établir le look d’Indiana Jones, Lucas commande des illustrations préparatoires, comme il l’avait déjà effectué sur STAR WARS. Il s’adresse cette fois au dessinateur de comics Jim Steranko, connu des amateurs pour son travail sur la série Nick Fury pour Marvel. Steranko créé ainsi les codes vestimentaires et les accessoires de l’archéologue. Le Fedora, le flying jacket en cuir et le fouet deviennent indissociables du Dr Jones.

DE INDIANA MAGNUM À INDIANA SOLO

L’acteur Tom Selleck est le 1er choix de Lucas et Spielberg pour incarner leur héros. Mais il est retenu par la production de la série tv MAGNUM qui vient de démarrer. Fidèle à ses principes, George Lucas ne veut pas reprendre un acteur avec qui il a déjà tourné. Tim Matheson (MAGNUM FORCE, 1941…), Jeff Bridges et Nick Nolte sont un temps envisagés pour incarner Indiana Jones.
Steven Spielberg sort Lucas de son entêtement et le pousse à engager Harrison Ford. Ce dernier connaît un tardif début de notoriété (il a alors 38 ans) avec le personnage de Han Solo et s’apprête à connaître la plus belle décennie de sa carrière, avec entre autres BLADE RUNNER et WITNESS.
Pour revenir à l’esprit des duos de comédies des années 40, Spielberg et Lucas cherchent une partenaire digne de Carole Lombard pour donner la réplique à Harrison Ford. Il leur faut une actrice à la fois séduisante, avec une forte personnalité, pour le personnage de Marion Ravenwood, femme de tête aussi intrépide qu’Indy. Amy Irving, Sean Young et Debra Winger feront des tests avant que Karen Allen, repérée dans AMERICAN COLLEGE et LES SEIGNEURS, ne soit finalement choisie.

Danny DeVito est un temps envisagé pour incarner Sallah. Mais il est lui aussi retenu par une série tv, TAXI, et il laisse le rôle à l’acteur John Rhys-Davies (TUER N’EST PAS JOUER, LE SEIGNEUR DES ANNEAUX…).
Vu au cinéma dans ALFIE ou UN PONT TROP LOIN et à la télé dans AMICALEMENT VÔTRE, le britannique Denholm Elliott révèle son talent à une plus grande audience avec le personnage protecteur et posé de Marcus Brody, rôle développé sur un ton plus humoristique dans le 3ème volet de la série.
LES AVENTURIERS… relancera aussi la carrière de Ronald Lacey. Aperçu dans LE BAL DES VAMPIRES et dans des épisodes de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR, il envisageait sérieusement de quitter le métier pour devenir agent d’acteurs lorsque son interprétation du sadique Thot marqua les esprits.
Enfin, pour le rôle du français Belloq, véritable némésis d’Indiana Jones, Spielberg songe à engager le chanteur et acteur Jacques Dutronc. Ce dernier ne parlant pas un mot d’anglais, le britannique Paul Freeman obtint le rôle… en bredouillant quelques répliques en français durant ses tests ! L’acteur resta attaché au monde d’Indiana Jones en jouant plus tard dans un épisode de la série tv YOUNG INDIANA JONES CHRONICLES.
TOURNAGE AUTOUR DU MONDE EN MODE ÉCO
L’idée première de Lucas et Spielberg sur LES AVENTURIERS… est de retrouver « l’esprit » des serials et séries B des années 30 à 50 : peu de prises basées sur un story-board précis et un budget de 18 M de Dollars, ce qui est plutôt serré pour une production de cette envergure. Afin de rester dans les limites budgétaires, certaines séquences seront reprises de scènes coupées d’autres films, comme L’ODYSSÉE DU HINDENBURG (réalisé en 1975 par Robert Wise) pour un plan de rue autour de l’Université.
Toujours dans cet esprit d’économie, le sous-marin allemand fut emprunté au film DAS BOOT tourné durant la même période par Wolfgang Petersen (ENEMY, DANS LA LIGNE DE MIRE…). Autre gain de temps et de moyens : les scènes du « hangar » allemand abritant le sous-marin furent tournées dans une réelle base de la seconde Guerre Mondiale située en France, à La Rochelle. C’est d’ailleurs là que débuta le tournage.

Le budget serré n’empêche pas l’équipe de tournage de voyager de par le monde, à l’image du héros du film. Après la France, la Tunisie sera choisie pour figurer l’Egypte. La scène où Indy menace l’Arche et les Nazis avec un bazooka fut d’ailleurs filmé dans le même canyon que certains plans figurant Tatooine dans STAR WARS.
Les studios d’Elstree en Grande-Bretagne furent réquisitionnés pour les décors imposants du Puits des Âmes ou du bar de Marion au Népal. D’autres séquences, comme celles de la maison d’Indy, furent tournés en Californie. Puis le tournage s’acheva à Hawaï pour les plans de la scène d’introduction, dans les mêmes lieues qui serviront à JURASSIC PARK quelques années plus tard.
Si l’ option « éco » pour le film est aujourd’hui présentée comme un choix de la production, on peut tout de même imaginer que le poids de l’échec de 1941, production au budget jugé démesuré par certains, y est aussi pour quelque chose. Dans le même esprit et pour la première fois de sa jeune carrière, le cinéaste termine un tournage dans les temps, allant même sous la barrière prévue de 73 jours !
FRAYEURS, IMPRÉVUS ET IMPROVISATIONS
Au delà de la fiction, la « grande aventure » dépassa le simple cadre de l’écran. Comme tout film qui se respecte, le tournage des AVENTURIERS… fut semé d’embûches, d’imprévus, d’improvisations et de grosses frayeurs. Ainsi, lors de la désormais célèbre séquence du Puits des Âmes, 7000 serpents furent utilisés sur le plateau des studios Elstree, dont des cobras au venin mortel !

Si des précautions furent prises pour éviter tout danger (pour exemple, le reflet d’une vitre, aujourd’hui numériquement effacé, lors du face-face entre Indy et un cobra), Karen Allen doit tourner la scène en robe légère… et s’aperçoit avec angoisse que personne n’a envisagé d’équiper la production en sérum anti-venin ! L’oubli est heureusement vite réparé. Ce qui n’empêche pas certains reptiles de quitter le plateau sans autorisation ! À ce jour, ils n’ont jamais été retrouvés…
L’acteur Alfred Molina (SPIDERMAN 2, FRIDA, IDENTITY…), dont c’était la première grosse production, a lui aussi un souvenir ému du tournage. On se souvient de son personnage, au début du film, et de son dos caché par les mygales ! Pour la scène, des dresseurs l’avait recouvert d’araignées mais celles-ci – des mâles – semblaient endormies et factices aux yeux de Steven Spielberg. Afin de les « réveiller », une de leurs congénères femelle fut placé sur le dos du pauvre acteur, obligé de rester concentré malgré des dizaines de pattes velues lui parcourant le corps !

La scène du combat entre Indy et le grand costaud chauve, autour de « l’aile volante » fut elle aussi des plus risquée. Nous sommes au début des années 80 et il est impensable de remplacer les hélices de l’avion par des images de synthèse. La lutte sera donc chorégraphiée au millimètre près pour éviter le moindre drame. Cela n’empêchera pourtant pas Harrison Ford d’être blessé lorsque l’avion roulera sur l’une de ses jambes alors qu’il ne s’était pas relevé à temps !
Qui dit « tournage au cordeau » n’empêche ni l’humour ni l’impro. Steven Spielberg reprendra une séquence abandonnée sur son film précédent avec ce moment où Thot / Ron Lacey semble préparer un instrument de torture… qui s’avère n’être qu’un porte-manteau ! Cette scène était à l’origine une séquence de 1941 interprétée par le regretté Christopher Lee. Curieusement, cela ne provoqua aucun effet lors des rushes et Spielberg la coupa au montage…

La séquence de séduction / piège sous la tente entre Belloq / Paul Freeman et Marion / Karen Allen résulte elle aussi d’une « improvisation concertée » entre les deux acteurs. Le vol du couteau, par exemple, n’était pas inclus dans le scénario d’origine… Mais il est une séquence imprévue qui reste à jamais gravée dans la mémoire collective : celle où Indy fait face à un dangereux manieur de sabre !
À l’origine de cette scène culte, il y a… la dysenterie qui « paralysait » une bonne partie de l’équipe. Selon le story-board d’origine, le jongleur de sabre faisait face à Indy. Puis une bataille entre fouet et épée devait suivre.
Amoindri par le virus qui contaminait l’équipe, Harrison Ford suggéra à Steven Spielberg d’écourter la séquence : face à son ennemi, Indy, harassé par la course-poursuite pour retrouver Marion, sort son flingue et abat l’homme au sabre ! Simple, efficace, inoubliable… et totalement imprévu, ce pur moment de comédie est devenu un incontournable du 7ème art.
AFFICHE ET MUSIQUE CULTE
La bande originale des AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE est un nouveau chef d’oeuvre signé John Williams. Le maestro réussit une fois de plus à créer un thème inoubliable, ample et bondissant, indissociable des aventures d’Indiana Jones. Outre le titre principal, Williams fait de sa partition un « acteur » à part entière, véritable partenaire des personnages et éléments principaux du film. Sa musique se fait romantique lorsque Marion et Indy se retrouvent, virevoltante quand Indiana Jones est en pleine action, puis sombre et inquiétante lorsque la quête de l’Arche franchit une nouvelle étape.
Parallèlement à cette superbe bande originale, le poster des AVENTURIERS… a lui aussi contribué au succès du film. On doit l’illustration à Richard Amsel, auteur pour d’autres marquantes affiches de films comme L’ARNAQUE, FLASH GORDON ou MAD MAX III malgré une carrière hélas trop vite interrompue. Amsel réalisa 2 versions pour LES AVENTURIERS… : l’une, devenue emblématique dès la sortie du film en 1981, et l’autre plus utilisée lors des ressorties du film au cinéma ou en vidéo. Dans les deux cas, Indy est au centre de l’image, entouré des principales scènes du film ou des principaux personnages, dans un style graphique évoquant le parchemin et la carte au trésor.
TRIOMPHE, DÉCLINAISONS ET INFLUENCES
Énorme succès dès sa sortie en 1981, LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE est l’un des rares blockbusters célébré par le public et reconnu par la critique à travers le monde. Couronné de nombreux prix – César du meilleur film étranger et 4 Oscars dont celui du meilleur réalisateur et de la meilleur musique de film en 1982 – ce 1er volet des aventures du Dr Jones s’impose aujourd’hui comme un exemple à suivre pour de nouvelles générations de cinéastes : réussite scénaristique, excellence du montage de Michael Kahn, soin de la photographie de Douglas Slocombe et de la direction artistique de Leslie Diley…
Déclinées sur 3 suites (LE TEMPLE MAUDIT, LA DERNIÈRE CROISADE et LE ROYAUME DU CRÂNE DE CRISTAL), dans une série de romans, de bandes dessinées et de jeux vidéos, il fut aussi à l’origine de l’ excellente série télévisée LES AVENTURES DU JEUNE INDIANA JONES.
Créée et diffusée au début des années 90, cette dernière évoquait l’enfance et l’adolescence d’Indy et mêlait fiction et faits historiques. George Lucas souhaitait produire un divertissement éducatif, permettant à chaque épisode d’évoquer des situations et personnages réelles. Indy y croisait ainsi Pancho Villa, Lawrence d’Arabie, Al Capone, De Gaulle, Kafka ou Gershwin… Probablement jugé trop ambitieuse pour le public américain, la série n’eut pas le succès escompté aux États-Unis. Elle reste à redécouvrir cependant pour sa grande qualité. Et c’est aussi l’occasion de revoir le regretté Ronny Coutteure qui incarnait Rémi, l’accolyte du jeune Indy.
Le personnage d’Indiana Jones influença de nombreuses créations et relança le goût pour les films d’aventures. De ALLAN QUATERMAIN ET LES MINES DU ROI SALOMON, nanar avec Richard Chamberlain et la débutante Sharon Stone, relecture moisie d’un classique du genre littéraire et remake du film avec Stewart Granger, au sympathique À LA POURSUITE DU DIAMANT VERT de Robert Zemeckis avec Michael Douglas et Kathleen Turner, le cinéma ne mit pas longtemps à surfer sur le succès des AVENTURIERS et ses suites.
Avec son flot ininterrompu de poursuites, trappes et dangers, les aventures d’Indiana Jones furent une référence évidente pour l’univers du jeu vidéo. De Pitfall Harry à Lara Croft, l’héroïne sexy de la série de jeux TOMB RAIDER, la chasse aux reliques et autres trésors perdus devint un genre en soit sur les consoles. Et histoire de boucler la boucle, TOMB RAIDER fut adapté 2 fois sur grand écran au début des années 2000.
UN CLASSIQUE INDÉMODABLE
Renommé INDIANA JONES ET LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE depuis une quinzaine d’années, afin d’être pleinement intégré à la série, ces premières aventures d’Indy sont à mes yeux les meilleures de la quadrilogie. Je me suis déjà exprimé sur la question avec d’autres blogueurs et, même si cela n’a jamais abouti à de violents débats, je sais d’avance que beaucoup ne sont pas d’accord à ce sujet. Voilà de quoi alimenter mon point de vue.

C’est vrai qu’il est de coutume, dans une série de films, de sacrer le 1er comme le meilleur de tous. Mais dans le cas des AVENTURIERS…, l’indéniable réussite tient dans le parfait équilibre entre action, comédie, suspense et fantastique. Ajoutez-y une pincée de romantisme et vous obtenez le bon dosage pour un blockbuster à la fois divertissant et intelligent.
Pas de temps morts ni d’ennui ressenti pendant près de 2 heures ! Les scènes d’humour (souvent noir) tombent aux bons moments et parviennent à faire rire, comme pour mieux décompresser des péripéties du Dr Jones. Les ennemis d’Indy ont beau être plus stupides que lui, ils représentent une réelle menace et rendent l’aventure plus haletante. Quant à la part de mystère développée autour de l’Arche d’Alliance, elle prend une dimension surnaturelle et horrifique qui ne prête pas à la blague comme c’est souvent d’usage dans les grosses productions d’aujourd’hui.

En devenant une trop sombre aventure avec LE TEMPLE MAUDIT, puis en cherchant à « se racheter » en ajoutant trop de légèreté avec LA DERNIÈRE CROISADE, Spielberg et Lucas n’ont jamais retrouvé la formule magique des AVENTURIERS…. Cela n’empêche pas ces deux suites d’être réussies et passionnantes.
Plombé par l’humeur tristoune d’un George Lucas alors en plein divorce, LE TEMPLE MAUDIT demeure malgré tout un excellent film d’aventures, ponctué de moments de bravoure et de scènes cultes. Le film fut pourtant interdit aux moins de 13 ans aux Etats-Unis. Et ses nombreuses scènes difficilement soutenables pour un public familiale (le cœur arraché dans la séquence du sacrifice, par exemple) lui attirèrent les foudres des fans et de la critique.

Pour LA DERNIÈRE CROISADE, cherchant à renouer avec le 1er film, sa meilleure trouvaille reste la venue de Sean Connery dans le rôle d’Henry Jones Sr, le père d’Indy. Le duo que l’acteur écossais forme avec Harrison Ford est un pur bonheur pour le public. Il n’empêche que ce 3ème opus comporte de nombreuses failles : un humour assez potache, des effets spéciaux indignes d’ILM (débordé par trop de commandes à l’époque du film, le studio reconnaîtra plus tard son piètre travail), une fin parfois bancale et déplacée (le vieux chevalier qui s’écroule lorsqu’il brandit son épée) malgré des enjeux dramatiques (le père d’Indy, mortellement blessé)…
Que dire du ROYAUME DU CRÂNE DE CRISTAL ? Sorti près de 20 ans après LA DERNIÈRE CROISADE, ce 4ème volet devait être une fête. Malgré une première demi-heure réussie à mes yeux, retrouvant l’énergie et l’ambiance des premiers films, cet épisode s’avère le plus décevant de la saga. Affaibli par des erreurs de casting (Shia Labeouf) et des scènes lourdes et interminables (la poursuite dans la jungle), Lucas et Spielberg ne retrouvent pas la magie des débuts, semblant s’être désintéressé du script et de ses erreurs.

La réussite des AVENTURIERS… tient aussi aux autres personnages. On s’attache immédiatement à Sallah, figure débonnaire mais précieux allié, quand on redoute le cynique Belloq, véritable double maléfique d’Indy. Quant à Marion Ravenwood, comparée à la braillarde Willie Scott et à la manichéenne Elsa Schneider, elle reste la meilleure « Indy Girl » de la série. Véritable alter ego d’Indiana Jones, loin du cliché de la pauvre fille en détresse, Marion boit, court, se bat et n’hésite pas à railler Indy malgré son amour pour lui.

Quelques mots encore, pour en finir avec ce (long) billet. J’ai découvert LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE le jour de sa sortie. Sans jamais m’en lasser, je l’ai vu et revu alors que les salles près de chez moi le rediffusaient régulièrement, à une période où la vidéo commençait tout juste à se démocratiser. Il faut voir ce film ne serait-ce qu’une fois sur un très grand écran pour comprendre l’impact qu’il peut avoir, le plaisir qu’il procure et les « bonnes ondes » qu’il dégage.
S’inspirant de classiques des années 40, rendant hommage au cinéma héroïque et d’aventures, LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE est lui-même devenu un classique, indémodable et indétronable. Un modèle de blockbuster réussi, divertissant et réfléchi.

LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE (1981) de Steven Spielberg.
Avec Harrison Ford, Karen Allen, Paul Freeman, John Rhys-Davies, Denholm Elliott, Ronald Lacey, Alfred Molina…
Scénario : Lawrence Kasdan d’après une histoire de George Lucas et Philip Kaufman. Musique : John Williams.
Crédits photos : © Paramount Pictures / Lucasfilm Ltd
BANDE-ANNONCE
BONUS
• Un lien vers le site très complet JONES Jr.COM pour en savoir plus sur la saga
• L’excellente bande originale du film composée par John Williams… à écouter sans modération !
• Une galerie des principales affiches du film dans le monde :
Retrouvez les autres films de la série sur le blog :
• INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT
Boudiou ça c’est une chronique de la mort-qui-tue ! J’approuve complètement ! 😀
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Boudiou de boudiou, grand merci le Nio 😀
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Je ne vais pas dire boudiou mais je le pense quand même ! 😉 Waouhouh ! J’ai adoré lire ton billet 😀 Je connaissais quelques anecdotes mais j’en ai appris de nouvelles.
J’adore cette saga et j’adore ce film. J’aime aussi beaucoup le 3ème volet, je ne résiste pas à Sean et aux joutes entre père et fils 🙂
Encore un superbe billet, merci mon huggy pour cette participation aussi passionnée que passionnante !
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Merci Potzi et de rien 😉 Comme toi j’adore cette saga et j’ai pris autant de plaisir à écrire cette chronique !
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Je dirai même plus « boudiou », quel billet !! 😀
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Merci manU ! Oui, cré bon sang de billet 😉
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